Jacques Isnard, président de l’Union internationale des huissiers de justice et officiers judiciaires à El Moudjahid : «L’Algérie s’inscrit dans un vaste mouvement de réforme de la justice, cela, c’est certain»
Jacques Isnard, président de l’Union internationale des huissiers de justice et officiers judiciaires à El Moudjahid : «L’Algérie s’inscrit dans un vaste mouvement de réforme de la justice, cela, c’est certain»
Je vous dirai que d’après les informations qui m’ont été fournies, l’Algérie se situerait parmi les pays qui ont un taux qui dépasse les 85% en matière de recouvrement des décisions de justice. C’est du moins ce qu’on m’a affirmé. Et vu la moyenne dans les pays européens, je vous dirai que cette norme place ce pays dans le «top» des pays en matière d’efficacité dans l’exécution des décisions de justice, ça, c’est indiscutable !
Justement, dans cet ordre d’idées, que pensez-vous du mouvement de réforme de la justice enclenché en Algérie ?
Si vous parlez des réformes, moi j’ai le privilège d’avoir non pas été associé, mais de participer depuis 2005 à cette réflexion de réforme et de modernisation de la justice,
Je parle de ce que je connais et de ce que je vois, c’est que l’évolution de la profession d’huissier de justice dans ce pays est considérable.
A cet égard, il est indéniable que le statut algérien est sans doute l'un des plus attrayants dans le concept général d'une profession, dont l'identité s'affiche autour de son caractère libéral et indépendant.
D’ailleurs, l'organisation d'une rencontre internationale d'une envergure jamais organisée, en coopération avec l'UIHJ, sur le continent africain démontre le tout l’intérêt que porte la tutelle à son secteur.
Aussi, pour moi, l’Algérie est un pays qui s’inscrit vers un vaste mouvement de réforme et de modernisation de la justice. Cela, c’est certain.
Dans ce contexte, quels sont les délais d’exécution d’une décision de justice au sein des pays de l’Union européenne par exemple ?
A critères égaux, je dirai qu’au sein des pays de l’Union européenne 75% des décisions de justice sont exécutées. Pour les délais, ces derniers se situent autour des trois mois, en général.
Selon vous, quelle est aujourd’hui l’opportunité d’avoir organisé pareille manifestation ?
En fait, elle s’inscrit dans un contexte général et qui est celui d’associer les efforts faits par le pays dans le domaine du développement économique, à la faveur du développement d’une justice plus efficace.
L’objectif de cette rencontre est de démontrer qu’il y a une corrélation entre les systèmes judiciaire et économique. Il ne peut y avoir de développement sans investissements internes ou étrangers. Il faut donc une confiance, une sécurité juridique. Et cette sécurité se traduit par l’activité de certains acteurs, dont les huissiers de justice. En effet, il n’y a pas de sécurité des investissements, s’il n’y a pas d’exécution de décisions de justice.
Pouvez-vous nous parler de l’instance que vous présidez ?
Je vous répondrai que l’Union internationale des huissiers de justice est une organisation qui a été créée en 1952 et qui regroupe plus de 70 pays dans le monde, dont l’objectif est de développer l’activité des huissiers sur la base de statuts, dont l’Algérie est l’un des promoteurs, puisque ce pays a l’un des statuts les plus modernes en la matière. Il se trouve que dans les pays arabes, excepté ceux du Maghreb, cette activité est totalement méconnue. Aussi, il faut nous mobiliser pour l’étendre et la développer vers les autres pays, c’est également l’une de nos vocations.